« Macbeth essai » — « Dangeureuses liaisons » — « Délires et psychoses »
Macbeth… L’une des tragédies les plus noires de Shakespeare. La scène est en Ecosse, en pleine guerre civile. Le roi est sauvé d’une grave trahison par deux fidèles généraux, Macbeth et Banquo. De retour du champ de bataille, tous les deux rencontrent trois sorcières. Elles annoncent à Macbeth qu’il sera roi ; à Banquo que, sans l’être lui-même, il sera le père de toute une lignée de rois.
Pourquoi cette prédiction amène-t-elle Macbeth à tuer un souverain qu’il aime ? Cela ne lui assure même pas le trône, puisque le roi a des fils, et qu’il vient de nommer son aîné pour lui succéder. Pourtant, l’idée du meurtre est là d’emblée ; et le spectateur est tellement pris dans les délibérations et retournements du personnage, que ce projet, qui prend corps sous ses yeux, lui semble logique, bien que condamnable.
La réponse à cette question est à découvrir dans le déroulement même de la pièce. Malgré les apparences, Macbeth ne tue pas le roi pour assurer son ambition ; à travers cet acte, et tous les crimes qui vont suivre, il tente d’exterminer le féminin, en lui et hors de lui. Selon une seconde prédiction des sorcières, seul un homme qui ne serait pas né d’une femme pourrait lui ravir la vie. Mais qu’est-ce que n’être pas né d’une femme ?
Le livre s’attache d’abord à montrer comment la lecture s’y prend d’ordinaire pour évacuer d’un texte ce qui le rend problématique ; puis il démasque l’énigme du meurtre du roi, et bien d’autres à sa suite ; enfin, il propose quelques pistes pour passer du sens apparent de la pièce aux enjeux non formulés qui la sous-tendent, et qui demeurent toujours aussi actuels.
Ce travail d’analyse littéraire suit exactement la même méthode que celle qui préside au déroulement d’une psychanalyse : ne pas s’en tenir au (bon) sens apparent, débusquer les énigmes masquées, ouvrir sur une résolution possible. Les deux seules différences tiennent :
Être ou ne pas être né d'une femme, la tragédie de Macbeth se propose donc comme une métaphore vivante du travail d’analyse et d’interprétation à l’œuvre dans une cure.
179 pages
Prix public : 16 €
Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos sont un des fleurons de la littérature française. Ce roman par lettres, écrit quelques années avant la Révolution, raconte comment deux libertins, un homme et une femme pour qui l’amour est une niaiserie, se jouent de quantité de personnages qu’ils manipulent à distance comme dans un théâtre de marionnettes, avant de s’emmêler dans leurs propres fils et tomber dans leur propre piège.
L’appui sur une œuvre littéraire permet à la réflexion théorique de se déployer d’une manière à la fois concrète, ludique et vivante, propre à se faire entendre de lecteurs qui, bien que ne la pratiquant pas, s’intéressent à la psychanalyse. Il peut aussi aider des analystes débutants à secouer certaines habitudes de penser, rendues stériles par l’abus d’un jargon parfois si abstrait qu’il se vide de son sens. Mais il s’agit ici de bien plus qu’un appui : l’essai, structuré comme un roman, aboutit à une réécriture du roman initial.
Dans un grenier oublié du Dauphiné, j’ai découvert par hasard une malle contenant toute une correspondance datant de la fin du XVIIIème siècle, entretenue, après la publication des Liaisons dangereuses, par Choderlos de Laclos avec certains personnages — pourtant fictifs — de son roman. Cette fiction sur la fiction m’inspire une lettre à Freud, pour lui faire part de ma surprise de lire, sous la plume de Laclos, les prémisses d’une théorie de ce que, deux siècles plus tard, la psychanalyse nommera transfert…
203 pages
Prix public : 18 €
Où en est-on, depuis que Jacques Lacan a posé sa « Question préliminaire à tout traitement possible de la psychose ? » Sans doute à plus de cacophonie encore qu’à son époque, depuis que les prétendues classifications, américaine ou internationale, s’en sont mêlées. Ce livre tente d’explorer quelques très modestes perspectives, à partir de la position du psychanalyste. Deux parties, quatorze chapitres, dont huit récits cliniques.
PREMIERE PARTIE : Délires
Récit clinique. Eurydice délire sur le mode psychotique, c’est-à-dire qu’elle construit son délire au jour le jour, comme une béquille qu’elle confectionne et taille sans relâche pour éviter de sombrer dans le néant. Entreprise délirante ET thérapeutique, qu’il s’agit d’accompagner, mais surtout pas d’attaquer sous prétexte de la réduire.
Premier des trois chapitres consacrés à l’étude des Mémoires d’un névropathe du président Schreber. Comme Eurydice, Schreber a développé un gigantesque appareil orthopédique délirant pour sortir d’une terrifiante expérience de fin du monde. Ce chapitre présente, sur un mode phénoménologique, l’ensemble du corpus des Mémoires, et de ce qu’a été la vie de Schreber depuis la première apparition de ses troubles, en 1884, jusqu’à sa mort en 1911.
À la suite des travaux de Jacques Lacan (Le Séminaire, livre III, Paris, Seuil, 1981, et « D’une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », in Ecrits, Paris, Seuil, 1966) ainsi que d’André Bolzinger (Arcanes de la psychose, Paris, Editions Campagne-Première, 2005), travail théorique sur le refus (Verwerfung) structural de la métaphore, et ses conséquences psychiques.
Qu’entend-on, quand on parle de « transfert psychotique » ? Sûrement pas, en tout cas, ce qu’entendait Freud par « transfert ». Les Mémoires de Schreber sont au carrefour de plusieurs malentendus. Leur lecture attentive permet d’affirmer qu’on n’y décèle pas la moindre trace de transfert, au sens freudien du terme. D’autre part, l’étude que Freud leur a consacrée en 1911 (publiée dans les Cinq psychanalyses) emploie dans son titre le terme de « paranoïa », alors que la troisième et dernière partie de son texte (qui s’intitule : « Du mécanisme de la paranoïa ») s’achève par une proposition de démanteler cette entité clinique trop vaste. Au bout du compte, Freud considère Schreber comme un schizophrène (terme qui ne lui convient pas non plus) ou, comme il préfère écrire, un paraphrène. Lacan a contribué à entretenir la confusion, en conservant à propos de Schreber le terme « paranoïa » pour décrire ce qu’il nommait « psychose », si éloigné de ce qu’il décrivait comme paranoïa, à propos du cas Aimée, dans sa thèse.
Récit clinique. Analyse d’une crise délirante névrotique ancienne et isolée, au cours d’une cure analytique. Ce chapitre permet, à propos d’un délire qui n’est plus d’actualité, de montrer à l’œuvre le délire dans la névrose.
Récit clinique. Une autre crise délirante névrotique, mais actuelle. Dix séances qui ouvrent sur une issue possible au délire, lorsque la patiente, suite à une question, abandonne le mode délirant d’interpréter, au profit d’un mode analytique.
Récit clinique. Un délire chronique authentiquement paranoïaque, aussi éloigné d’une crise délirante névrotique que d’un délire psychotique (de type schrébérien) ; où l’on voit que la fonction métaphorique, gelée mais non refusée structuralement, peut-être à nouveau mobilisée, sans pour autant que cesse le délire, mais en le rendant plus tolérable par l’entourage.
DEUXIEME PARTIE : Quand la psychose ne délire pas
Le rejet du registre métaphorique dans la psychose est-il contemporain de l’éclosion du délire, ou lui préexiste-t-il ? Le président Schreber, ici encore, peut servir de paradigme, puisqu’il a laissé, bien avant de délirer, un assez long poème dans lequel est perceptible la même attitude, par rapport à la métaphore, que dans son délire.
Camus nous a laissé, avec le personnage de Meursault, une étonnante description clinique (qui n’était pourtant pas son propos) de ce qu’est et peut vivre un homme sans métaphore qui ne délire pas.
Une poignante mise en relief, dans le tissu même de la vie d’un homme, de ce que Camus avait inventé avec Meursault. Toute sa vie, et dans tout son œuvre, Georges Perec aura poursuivi une unique tâche : mener à bien une impossible autobiographie, dans un style sans métaphore qui ne l’aura pas empêché d’obtenir deux prix littéraires prestigieux. Une éclatante démonstration de ce que la psychose ne se réduit pas à un déficit, et qu’elle est compatible avec une brillante réussite sociale.
Récit clinique. Un homme pour qui perdre son sexe, perdre la réalité, perdre sa fantasmatisation ou perdre son langage sont des expressions quasi synonymes, qui toutes cherchent à nommer sa déréliction ; et qui, la solution délirante ne s’étant pas imposée à lui, trouve dans la succession des séances matière à se refonder chaque fois, d’une manière éphémère, comme sujet.
Récit clinique. Un autre type de déréliction, une brèche irréparable du psychisme qui fait vaciller une femme sur la margelle du délire sans jamais y tomber.
Récit clinique. Un homme qui tourne autour de ce qu’il voudrait dire sans jamais y parvenir.
Récit clinique. L’effet thérapeutique de l’adoption d’une jeune femme par une chienne (et non l’inverse).
336 pages
Prix public : 27 €
Diffusion : PUF
Disponible en librairie à partir de mai ou juin 2011
Editions Campagne-Première
23, rue Campagne-Première
75014 PARIS
Tél. : 01 43 22 73 85
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